L’abandon n’est tout simplement pas une option

Tous les enfants ont droit de recevoir une éducation et d’appartenir à l’école de leur quartier. Tout parent ayant un enfant d’âge scolaire a certainement reçu un appel en milieu de journée pour aller chercher son enfant à l’école parce qu’il est malade. Imaginez qu’il s’agisse d’un événement quotidien, ou même d’une attente. De nombreuses familles de toute la province nous font part de cette réalité. Les parents ne peuvent pas travailler et les élèves ne peuvent pas s’épanouir s’ils ne sont pas à l’école, en train d’apprendre aux côtés de leurs pairs.

Le défenseur des enfants et de la jeunesse du Nouveau-Brunswick a récemment publié un rapport, Une politique d’abandon, qui met en lumière un problème croissant au Nouveau-Brunswick, à savoir les plans de journées partielles. Un plan de journée partielle, en termes simples, est une pratique incroyablement perturbatrice qui consiste à renvoyer les enfants chez eux à plusieurs reprises sans qu’aucun service d’apprentissage ne soit fourni. Le défenseur qualifie à juste titre cette pratique croissante d’illégale.

Cette approche néfaste entraîne des répercussions sur des centaines de familles néo-brunswickoises et n’est pas conforme aux principes énoncés dans la Politique sur l’inclusion scolaire du ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance, aux droits des élèves en vertu de la Loi sur l’éducation ou à la Convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations Unies.

Le Nouveau-Brunswick est largement reconnu pour son leadership national et international en matière d’inclusion scolaire. Le fait de renvoyer les élèves à la maison n’aide pas les enfants à apprendre, mais défait des années de progrès. L’inclusion n’est pas sélective.

Le défenseur précise ce qui suit : « Les enfants qui sont renvoyés de l’école pendant une partie ou la totalité de la journée sont souvent ceux qu’il est le plus difficile et le plus coûteux d’éduquer. Ils peuvent avoir besoin de services intensifs, ils exigent souvent beaucoup de patience et de travail de la part du personnel scolaire et les services dont ils auraient besoin en dehors de la salle de classe peuvent ne pas être prévus dans les budgets des districts scolaires. Ils posent souvent des problèmes difficiles à résoudre, et il y aura toujours une tentation humaine d’éviter de résoudre les problèmes difficiles. Cependant, nous ne devons jamais tomber dans le piège de faire disparaître les enfants parce qu’ils mettent à l’épreuve les adultes du système. En fait, les enfants qui nous mettent le plus à l’épreuve sont souvent ceux qui ont le plus besoin de nous. »

Il s’agit d’un problème de ressources et non d’inclusion. Des ressources opportunes et efficaces doivent être mises à la disposition des enseignantes et enseignants, des écoles, des parents, des élèves et de l’ensemble de la communauté. Elles comprennent la formation des éducateurs et des autres professionnels, ainsi que l’accès à des spécialistes comme les orthophonistes et les psychologues scolaires.

Composition de la classe

Nous entendons de plus en plus souvent parler de composition de la classe. Comme c’est souvent le cas pour de nombreux concepts liés à l’inclusion scolaire, cette expression rejette la responsabilité sur l’enfant. La conception et la mise en œuvre de programmes d’éducation dans le cadre desquels tous les élèves peuvent apprendre ensemble sont le fondement d’un bon système d’inclusion scolaire. Le fait d’exiger de certains élèves qu’ils aient des compétences préalables pour se joindre à leurs camarades pose un problème, car il incombe à l’élève de prouver qu’il a sa place dans la classe. Cette exigence ferait en sorte de maintenir les élèves à l’écart pendant de longues périodes. Nous devons cesser de définir la composition de la classe en fonction de la diversité des origines et des compétences perçues que possèdent les élèves à leur arrivée. Il faut plutôt parler de la diversité des ressources et des méthodes d’enseignement que nous apportons à nos élèves. Après tout, c’est leur classe.

Nous devons également explorer des stratégies créatives, notamment les modèles de coenseignement, où deux enseignants peuvent s’appuyer mutuellement et répondre aux besoins de leurs élèves dans la salle de classe. Des classes plus petites constitueraient un grand pas en avant dans le soutien apporté à nos éducatrices et éducateurs. Nous avons constaté d’importants progrès dans les écoles qui bénéficient d’un soutien adéquat et diversifié en la présence de professionnels qualifiés, pluridisciplinaires et formés.

Chaque enfant du Nouveau-Brunswick a droit à une éducation. Le fait de créer un milieu où le comportement détermine l’admissibilité se compare à une situation où un élève qui a écrit un examen au stylo a connu un échec parce qu’il n’y avait pas de crayon dans la salle de classe. Nous avons une politique d’éducation scolaire qui permet à l’enfant de faire une pause et de quitter la classe si nécessaire. Il doit toujours y avoir un plan de collaboration entre l’école et la famille pour que l’enfant revienne apprendre aux côtés de ses camarades.

Renvoyer les enfants chez eux ne devrait jamais être une option, pas plus que d’abandonner.

– Jake Reid,
le directeur général d’Inclusion NB.